Je sais depuis longtemps que je parle en dormant, mais ça n'est qu'en février 2000 que me vint pour la première fois l'idée de m'enregistrer. Après avoir passé une semaine durant laquelle on me signalait chaque jour que j'avais parlé dans mon sommeil. Je me mis alors en quête d'un moyen pour capturer ces paroles. Je demandai conseil autour de moi, mais pendant un bon moment, chaque suggestion qu'on me fit posa problème. On m'orienta tout d'abord vers le magnétophone avec auto-déclencheur d'enregistrement. Il se mettrait automatiquement en route au son de ma voix, mais aussi au bruit d'un quelconque mouvement... Ensuite on m'informa qu'un certain type de vieux magnétophone à bandes, disposant d'une vitesse d'enregistrement extrêmement lente, permettait d'enregistrer 5 à 8 heures d'affilée. Ce modèle n'étant plus fabriqué, il me fallait l'acheter d'occasion, et il était rare. Je finis par mettre la main sur une machine qui semblait correspondre, mais après en avoir fait l'acquisition, je m'aperçus que l'enregistrement ne fonctionnait plus. Le vendeur tenta de réparer l'appareil durant des mois, et en désespoir de cause, je fus remboursé. D'autres techniques furent envisagées, toutes aussi insatisfaisantes les unes que les autres, jusqu'au début du mois de septembre 2001 où l'on m'apprit l'existence d'un nouveau type de lecteur-enregistreur de minidisc permettant, grâce à un système de compression, d'enregistrer 4 fois la durée normale d'un minidisc. Soit 5 heures. Il ne me restait plus, le lendemain de chaque prise, qu'à écouter l'enregistrement en lecture accélérée pour trouver le ou les passages qui m'intéressaient. J'ai mené l'expérience chaque nuit durant 3 mois, du 10 septembre 2001 au 17 décembre 2001, ce qui m'a permis de constituer une sorte de journal de nuit, un nocturnal.